Dineka

Il était une fois deux charmants garçons qui chassaient les démons . A bord de leur fidèle destrier, une Chevrolet 1967, ils parcouraient les Etats-Unis pour sauver les damoiselles en détresse à l’aide de leur attirail pour lutter contre les esprits surnaturels.
Grâce à leurs armes célestes, les démons succombaient et repartaient en enfer, les damoiselles, elles, leur tombaient dans les bras. Nos deux chevaliers sans peur et sans reproches, étaient craints de tout ces êtres maléfiques qui n'avaient de cesse de s'en prendre à eux.
Cela pourrait commencer ainsi et ressembler à un conte de fée mais l'histoire qui suit va se charger de vous prouver le contraire...

Brandon, Dakota du Sud
Darks Hills

Sam émerge doucement de son sommeil réparateur. Les rayons du soleil irisé lui chatouillent les yeux, réchauffant au passage la chambre, chassant ainsi la froideur de la nuit passée. Il sentit une douloureuse migraine élire domicile dans son crâne. Il avait l’esprit un peu embrumé et la bouche pâteuse. Lorsqu’il vit les guirlandes accrochés ça et là, le sapin modestement décoré, et les papiers journaux qui jonchaient le sol, il se souvint de leur petite soirée improvisée, pour le réveillon.
Le bruit de la porte d’entrée le fit relever la tête. Il vit alors Dean, un sac dans une main, le journal dans l’autre. Alors qu’il dépose son sac tout en enlevant sa veste, il se rend compte que Sam est réveillé.

-Hé, vieux, bien dormi?
- Nan. Le lait de poule est pas bien passé, j’ai un peu trop forcé sur la dose…
Dean se mit à rire jaune.
-Sammy, tu sais pourtant que tu tiens pas l’alcool…
-Ouais, bon… Qu’est ce t’as pris?
L’intéressé se mit à fouiller dans le sachet puis, brandit fièrement du pain d’épices.
-Du pain d’épices!?
-Ben ouais! Tu sais, c’est du pain avec… des épices.
Sam soupira. La logique de Dean le surprenait souvent.
-J’avais compris… Mais pourquoi t’en a acheté?
- Ben vu que c’est les fêtes , faut bien faire comme la tradition! Ah j’ai autre chose pour toi!
Il plongea une nouvelle fois sa main dans le sac et en sortit cette fois un lutin au bonnet vert en plastique qui affichait un horrible sourire.
Il le tendit à Sam. Celui-ci le prit, une mine de dégoût sur le visage.

- C'est quoi cette horreur?
-Plains-toi, c’est ton cadeau de fin d’année. Tu vois que je peux être gentil des fois.
Il se plaça entre la table et le lit où Sam était assis, et fit la révérence, le visage on ne peut plus sérieux, mais où l’on pouvait déceler un air amusé si l’on s’y attardait.

-Si môssieur veut bien se donner la peine de venir prendre son petit-déj’…
Sam ne se fit pas prier. Il alla donc s’asseoir à table, suivi de Dean. Puis ils se mirent à manger tranquillement. L’aîné qui lisait le journal, haussa les sourcils, puis sourit.
-On a du boulot, Sammy..
Sam déposa son café puis le regarda, intrigué. Dean lui passa le journal pour qu’il puisse voir de quoi il en retournait.
-Il releva la tête vers Dean.
-En quoi ça nous concerne?

Ce dernier soupira.
-Faut vraiment tout te montrer, p’tit frère. Lis la fin, pour voir.
Il jeta un regard noir à son frère, mais continua cependant à lire. Au fur et à mesure qu’il avançait, son visage devint pâle et sans crier garde, il renversa son café sur le côté, laissant le liquide s’étaler en une mare fluide.
-On a pas le droit à une pause…
- T’es pas le seul, mon vieux. Mais tu sais bien qu’on peut pas laisser cette affaire, en connaissance de cause..
-Mouais, bon…

Une bonne trentaine de minutes plus tard, ils étaient enfin prêts à partir. Ils rangèrent leurs effets dans le coffre, puis s’installèrent à bord de l’impala, destination leur nouvelle chasse. Un air bien connu de Metallica les accompagnait, au grand dam de son frère.
Dix minutes venaient de s’écouler. Toujours bercés par la musique crachée par la radio, Sam somnolait contre la vitre, et Dean chantonnait à tue-tête les paroles de la chanson.
Se passa alors une chose absolument inimaginable, incongrue, tout bonnement impossible.. L’Impala s’arrêta brusquement, sans crier garde, au beau milieu de la route. Dean, penaud, essaya de redémarrer le moteur, mais rien à faire.

-Eh merde..
Il sortit en trombe de la voiture, claqua la portière derrière lui puis se dirigea vers le capot.
-Bon alors, qu’est-ce qui t’arrive mon bébé..
Sam ne semblait pas avoir réagi à l’arrêt, car il était toujours dans les bras dans de Morphée, adossé à la vitre.
Après de minutieuses recherches, Dean décela la panne: le moteur avait besoin d’un léger rafistolage..
Il se passa le bras sur le front, puis soupira..
-Ca commence bien cette histoire..

Refermant fougueusement le capot, il sortit son portable de sa veste, composa un numéro, puis attendit.
-Oui?
-Allo, Bobby, c’est Dean.
-Ha c’est toi! Comment ça va?
-On ne peut mieux. En fait, je t’appelais pour que tu me rendes un service. Avec Sam, on est sur une affaire, et l’impala vient de me faire faux bond.. Si tu pouvais venir la chercher et par la même occasion nous en prêter une, ça serait vraiment chouette..
-Pas de souci, Dean. Vous êtes où en ce moment?
- Brandon, Dakota du Sud.
- Je suis là dans 10 minutes.
-Merci, Bobby.
Il raccrocha, puis se réinstalla à la place du conducteur, nerveux à l’idée d’abandonner son bébé ne serait-ce qu’un instant..

Bobby arriva enfin à leur niveau.  Dean sortit et le salua.
-Ca fait plaisir de te voir. Merci d’être venu aussi rapidement!
-C’est normal. Où est Sam?
Dean se tourna vers sa voiture, plus précisément vers le siège passager.
-Il fait un somme..
Bobby observa furtivement Sam, puis s’adressa à Dean..
-J’ai apporté la dépanneuse, pour remorquer ton Impala jusqu’à chez moi. On y va?
Dean acquiesça puis se dirigea vers le côté passager, pour réveiller Sam.
-Debout, Sammy..
-Hein, que, quoi..? Ah c’est toi, Dean.
Il balaya le paysage du regard. Il aperçut Bobby, accoudé à sa dépanneuse.
-Qu’est-ce qu’il fait là, Bobby?
-Il va remorquer l’impala jusqu’à chez lui. Elle a besoin d’une petite révision.. Tu viens?

Il tourna les talons, puis se dirigea vers la dépanneuse de Bobby, suivi de près par Sam. Le vieux chasseur accrocha le câble au pare-choc, puis hissa la Chevrolet à l’arrière.
Passé cela, ils purent tous se mettrent en route, direction chez Bobby. Le voyage se passa en silence.  Ils arrivèrent enfin à destination quinze minutes plus tard.
Bobby sortit en premier de la dépanneuse, puis se dirigea vers la voiture qu’il pouvait leur prêter.  Il s’arrêta devant une mini-voiture, comme on en voit dans les auto-tamponneuses.

-Voilà ce que j’ai en attendant.. Une belle twingo que j’ai gagné y a pas longtemps lors d’un pari.
Les yeux de Dean devinrent ronds comme des boules de bowling lorsqu’il l’aperçut. Il fit un tour sur lui même, balayant l’espace du regard, croyant à une mauvaise farce.
- C’est une blague, c’est ça Bobby!? Oùùù sonnnt les caméras..!!
L’intéressé ajusta sa casquette et soupira.
-Je suis sérieux, Dean. C’est la seule qui soit en état de marche..
Sam intervint, évitant ainsi que son aîné ne fasse une gaffe.
-Merci beaucoup Bobby.  
-De rien, Bon courage pour votre enquête.
Laissant les deux jeunes garçons, il s’engouffra à l’intérieur de sa maison.  
 
Dean , encore sous le choc, se décida enfin à parler..
- C’est quoi ce.. cette.. Chose!
-Ca s’appelle une voiture, Dean.
- T’es sûr? On a pas la même définition du mot voiture, alors! Ca ressemble plus à une voiturette de manège pour enfant qu'à une voiture, et en plus elle fait pas très sérieux! Notre sex appeal va en prendre un coup!
-Si monsieur Grincheux a bientôt fini, on va pouvoir partir!

Notre Dean national marmonna quelques paroles dans sa barbe, puis il monta à contre-cœur dans la mini-voiture.
Dean ne put s’empêcher de ronchonner une nouvelle fois..
-T’a vu comme on est à l’étroit en plus..
-Deaan..
-Ca va, ça va! Je constate, c’est tout..
Après avoir trouvé une position quelque peu confortable, l’aîné démarra enfin, en direction de leur nouvelle enquête.

Lorsque Dean vit qu’ils étaient bientôt arrivés, il lança à Sam..
- Sammy, tu me laisses faire avec la jeune fille, tu risquerai de t’emmêler les pinceaux.. Tu te souviens de l’affaire avec Celia, t’a pas assuré, vieux. Ah et aussi, celle avec la jolie jeune fille qui avait perdu ses parents, comment c’est son nom déjà.. Lucy!
-Ah ouais!? Pourquoi c'est toi qui a la priorité avec les filles ?
-Parce que c'est moi l'aîné. Fin de la discussion. ( 217)
Sam, vexé, se renfrogna et ne dit plus un mot jusqu’à l’arrivée.



Dean se gara devant la dite maison. D’un style très artistique, elle était entourée d’un grand jardin bien entretenu et bien vert. Aux abords de l’habitat, on pouvait néanmoins apercevoir de nombreuses variétés de fleurs, apportant une touche de nature et de fraîcheur.
Dean éteint le moteur puis, jetant un regard à la bâtisse, s’adressa à Sam..
-Nous y voilà! On procède comment cette fois?
- C’est toi l’artiste..
-Ca va,  t’a bientôt fini de faire la tête!?
Ne voyant aucune réponse émise, il soupira.
-Allez, Sammy.. Cette affaire commence déjà mal, alors s’il te plait, t’y mets pas toi aussi!
Pour toute réponse, il eut droit à un regard scrutant et à un fou rire de l’intéressé. Sam, en proie à ce fou rire, bougeait dans tous les sens, tel un ver de terre sur une piste de danse. Dean fut désorienté par ce revirement, ce qui le rendit très irascible..
-Quoi!? J’ai un bout d’épinards coincé entre les dents..?

Tout en disant cela, il jeta un coup d’œil au rétroviseur, « sourire » aux lèvres.
Sam s’arrêta net, lorsqu’il vit le regard noir de son frère. Les larmes aux yeux, il réussit quand même à dire..
-Dean, je te le fais à chaque fois, et tu tombes dedans à tous les coups! Et on se dit supérieurement malin..
Ce dernier ouvrit la bouche pour répliquer, cherchant quelque réplique comme pour défendre sa fierté. Mais n’en trouvant point, il se ravisa, la mine boudeur, au plus grand plaisir de son frère cadet.
-Bon c’est pas tout, mais faudrait peut être aller voir la demoiselle..
Sur ce, il ouvrit la portière, et sortit à l’air libre. D’humeur radieuse, il s’étira de tout son long,  fit le tour de la twingo, puis se dirigea à grands pas vers la maison, un Dean à l’esprit vengeur sur les talons. Postés devant l’imposante porte d’entrée, Sam toqua légèrement, puis entendit aussitôt une voix s’élever à l’intérieur..
-J’arrive, une seconde!
La porte s’ouvrit enfin, sur une jeune femme d’une vingtaine d’années, à la chevelure ondulée et soyeuse. Ses yeux, d’un vert scintillant et enivrant, semblaient la première chose qu’on regardait chez elle. Elle leur adressa la parole, la voix agréable..
-Qu’est-ce que je peux faire pour vous, messieurs?
Sam jeta un coup d’œil à son frère. Devant la non-réaction de Dean, ce dernier fixant toujours Callie, obnubilé par sa splendeur, Sam prit les devants.
-Bonjour Mme Winsister, je m’appelle Sam et voici mon frère, Dean. On aurait aimé vous parler..
-Mais bien sûr, entrez vous mettre au chaud!
Elle s’effaça, les laissant entrer. Puis, les laissant poser leurs manteaux, elle leur demanda tout en allant vers la cuisine..
-Vous voulez quelque chose à boire? J’ai de la camomille, du café, de la bière..
Le visage de Dean, d’abord impassible, s’illumina lorsqu’il entendit la seule boisson à laquelle il ne ferait jamais défaut: la bière..

Il devança Sam et déclara..
-Ce sera une bière pour moi, s’il vous plait madame.
Sam sourit; son grand frère ne changera jamais.. Il rajouta simplement..
-Un café me suffira, merci.
- Alors une bière et un café! Et appelez-moi Callie!
Sam et Dean en chœur: Ok. Merci, Callie..
Tandis qu’elle disparaissait dans la cuisine, nos deux frères allèrent s’asseoir dans le salon. Dean balaya la pièce du regard, sifflant d’admiration.
-Eh ben..  Sympa la baraque, c’est bien le genre où je finirai mes jours…
-Je suis heureuse que mon intérieur vous plaise autant.., dit Callie, d’une voix amusée.
Dean sursauta légèrement, sous l’effet de la surprise.

Elle posa le plateau sur la table basse et s’installa confortablement dans son fauteuil, tasse en main.
-Je vous écoute, à présent.
Sam se lança..
-On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé la nuit dernière ici.. Je veux dire, une mort pareille, c’est assez intriguant..
-Vous avez raison, c’est exactement ce à quoi je pensais, mais..
Ce « mais » voulait tout dire. Sam la poussa un peu plus sur sa lancée..
-Qu’est-ce qui s’est réellement passé?
Callie prit une gorgée de camomille, comme pour se donner du courage, puis continua..
-Il était tard . J’étais montée me coucher assez tôt, laissant Hélène aux prises de son émission préférée, vous savez le journal sur canal. J’étais endormie depuis un bon moment lorsque j’ai entendu un bruit. Je pensais que c’était elle, mais en entrant dans sa chambre, je ne l’ai pas vu. Alors je suis descendue et.. C’est là que j’ai entendu ce cri… à vous glacer le sang..

Elle s’arrêta un instant, des larmes silencieuses roulant sur ses joues, comme si la scène se repassait sous ses yeux.

Nos deux frères se regardèrent, visiblement gênés par ce trouble qu’ils venaient d’installer chez la jeune femme. Cependant, ils se turent, évitant ainsi d’accroître son malaise. Après quelques minutes de silence et une profonde inspiration, elle reprit son récit..
- C’est là que je l’ai vue, je les ai vus.. Son visage était si pâle et terrifié.. Dès qu’ils m’ont vu, ils ont pris la fuite, brisant la fenêtre au passage.
-A quoi ressemblaient-ils?
- Il faisait assez sombre, je n’ai pas pu voir grand-chose de leur aspect.. Mon regard n’arrivait pas à se détacher de son corps sans vie..
Sa voix fut étouffée par un sanglot. Sam jeta un regard à son frère aîné puis s’approcha d’elle, la prenant dans ses bras.
-Calmez-vous, tout va bien..
Callie murmura, plus pour elle que pour nos deux chasseurs.

-Dire qu’elle attendait un bébé dans quelques mois… C’est si injuste..
Éreintée, elle éclata en pleurs sur l’épaule rassurante et conciliante de Sam.
Dean soupira, jaloux que son frère soit si à l’aise avec les victimes qu’ils rencontraient chaque fois qu’ils chassaient. Mais il ne lui en voulait pas, il fallait bien faire la part des choses, non? Lui était bon à tuer toutes les créatures surnaturelles présentes sur Terre, et Sam à rassurer ceux qui croyaient en avoir vu, ne serait-ce peut être pour les préserver.

L’étreinte prit fin quelques minutes plus tard. Sam la regarda dans les yeux, puis dit..
-Vous devriez vous reposer, Callie.. Pendant ce temps, mon frère et moi allons faire quelques recherches..
-Ne partez pas, s’il vous plait.. J’ai peur de rester toute seule.. Je n’arrête pas de revoir cette scène en rêve la nuit..
Lorsque Sam observa son visage, il succomba. Ses joues rosées, marquées par des coulées de mascara et de pleurs, rendait son visage si craquant, emprunt à une tristesse incomparable.
-On va rester, ne t’inquiète pas..
Son visage s’illumina.
-Ohh merci, merci beaucoup Sam..
Ses lèvres dévoilèrent un large sourire éclatant, et toute excitée, Callie sauta dans les bras de Sam, ce dernier reculant de quelques pas, sous l’impact.
Dean pouffa de rire devant la scène. Il toussota, ramenant nos deux jeunes gens à la réalité.
Callie lâcha Sam, un peu gêné. Cependant elle lui fit un clin d’œil, qui en disait long..

Sam sourit. Cette affaire ne commence pas si mal que ça, pensa-t-il…
Devant cet échange incessant de regards emplis de sous-entendus, Dean toussota de plus belle puis finit par demander..
-Je vous dérange peut-être? Parce que je peux.. Il montra la porte d’entrée de l’index et fit mine d’y aller.
Callie rougit, et Sam fusilla son frère du regard.
Cerné, Dean haussa les épaules, feignant l’innocence. Sam se tourna vers Callie et déclara..

-On doit aller faire un tour en ville, on sera de retour un peu plus tard..
Callie lui lança un regard déçu mais n’objecta point. Dean roula des yeux.
C’est bientôt fini ces regards… 

Suivi de son frère cadet, il sortit enfin de la maison. Dehors, il ne put s’empêcher de le narguer..
-Tu lui as tapé dans l’œil, Sammy!
-Dean, tes réflexions, tu peux te les garder.. On a plus urgent à s’occuper. Je pense qu’on a un sérieux problème..
L’aîné considéra ses paroles puis commenta..
-T’as fichtrement raison.. Ca me fait penser à un film, tiens! Tu sais, « Le Retour Des Vampires » , il est passé y a pas longtemps à la télé..

-Deaan..
-Ca va, ça va! -Il leva les bras au ciel, résigné- Mon dieu, qu’avez vous fait de mon petit frère…?
Sam sourit à cette remarque. Dans la même optique, il leva lui aussi les bras au ciel puis demanda..
- Qu’ais-je fais pour avoir un frère aussi insensible..?
Dean lui fit un clin d’œil, accompagné d’un superbe sourire..
-Que veux-tu, on ne se refait pas, Sammy!!
Sam marmonna, pour lui-même..
- Ca te ferait pas de mal, pourtant…
Malgré cela, Dean l’entendit..
-T’as dit quoi là..!!
-Qu’on avait du travail..
-J’aime mieux ça.. Bon c’est pas tout, mais on commence par quoi?
-On devrait appeler Bobby, voir s’il n’aurait pas des infos sur leurs nids..
-Bonne idée.
Dean prit son téléphone, composa son numéro puis attendit. 
-Hé Bobby. Tu prends bien soin de mon bébé j’espère?
- Elle va bien!  Tu m’appelles juste pour ça..?
 Dean(un peu plus sérieux): - Non, c’est pour notre affaire. On vient juste de voir la victime, qui en passant sympathise assez bien avec Sammy - coup de coude de  l’intéressé-, et on pense qu’il s’agirait des mêmes vampires qui sévissaient dans l’Arizona.
- Mais vous en étiez pas venus à bout la dernière fois?
Dean soupira d’agacement.
-C’est ce qu’on croyait aussi, jusqu’à cet article dans le journal..
Le vieux chasseur leur répondit du mieux qu’il pouvait et, satisfait , Dean le remercia et coupa la communication, non sans lui avoir donner des conseils pour réparer au mieux sa chérie. 

Sam l’observait attentivement, avide de connaître l’avis de leur vieil ami. Dean le regarda, amusé  par autant d’impatience. Il finit par lui rapporter leur conversation, et après s’être concertés sur la marche à suivre, ils montèrent ensemble dans la twingo, il était question de faire quelques achats, comme du sel pour se protéger d’une quelconque offensive.
La nuit avait déjà commencé à tomber lorsqu’ils rentrèrent au domicile. Alors que Dean se garait, Sam aperçut Callie sur le pas de la porte, adossé au chambranle, visiblement en train de les attendre. Sam sortit en premier de la voiture, prit le sac de sel et se dirigea vers l’entrée, sourire aux lèvres. Elle l’accueillit, toujours aussi radieuse.
- Coucou!  Comment ça va? Elle aperçut ce que tenait Sam. Qu’est-ce que c’est?
- Du sel pour te protéger. Il rentra.
Callie haussa les sourcils, intriguée.
-Comment ça, pour me protéger? Mais de quoi?
Dean qui grimpait les escaliers, lui répondit..
- Tu ne nous croirais pas si  on te le disait.. Et dans ces cas-là, l’ignorance est une bonne chose, crois-moi…

Sa curiosité était piquée à vif, mais elle résista à l’envie d’en savoir plus.  J’ai autre chose de bien plus intéressant sur le feu.. pensa-t-elle.. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle regarda Sam qui passait dans le salon. Oui, quelque chose de nettement plus intéressant.. 
Après avoir fermé la porte, elle se dirigea vers la cuisine pour préparer un bon petit dîner. Il fallait bien faire honneur aux invités… Pendant ce temps, nos deux garçons s’occupèrent de protéger la maison en disposant du sel en grande quantité au niveau des entrées possibles. 
Ils finirent juste au moment où Callie les demandait à table. Lorsqu’ils entrèrent dans la salle à manger, leurs sens se mirent à titiller la bonne odeur, et leurs yeux dévorèrent les plats qui s’offraient à eux. Callie avait mis les petits plats dans les grands, dressant un menu précis: salade de tomates et concombres en entrée, pâtes fraîches au pesto et quiche lorraine pour le plat de résistance, et pour finir, une mousse au chocolat en dessert.
Callie leur sourit puis enlevant son tablier de cuisine, elle demanda..
-J’espère que vous avez faim, les garçons.. Je ne veux pas qu’il en reste une miette!
Dean, les yeux ronds et tout souriant confirma..
-Si c’est un ordre alors… Qu’est-ce qu’on attend Sammy?
L’intéressé était déjà assis à table, et se servait la salade.
-Ce serait plutôt qu’est ce que t’attend, toi!? 
L’aîné se dépêcha d’aller s’asseoir lui aussi, et après s’être servi, mangea avec bon  appétit.

Le repas fini et le lave-vaisselle mis en route, Callie demanda à Sam de monter au premier avec elle, prétextant vouloir lui montrer quelque chose…
Sam hésita mais ne put résister bien longtemps au regard encourageant de la jeune femme. Il la suivit donc et tous deux montèrent les escaliers, jusqu’à la chambre. Lorsqu’ils disparurent de sa vision, Dean sourit,  fier de son petit frère. Puis il se dirigea, épuisé, vers le salon.
Une fois à l’intérieur, Sam demanda..

- Qu’est-ce que tu voulais me montrer..?

- En vérité, Rien… J’avais juste envie d’être seule avec toi…

Elle s’approcha de lui, si près qu’il put sentir la douce chaleur de son souffle, l’odeur enivrante de son parfum… Quand elle posa ses lèvres pulpeuses sur les siennes, il eut d’abord un mouvement de recul, comme une brève hésitation, puis céda et répondit à son baiser, d’abord avec tendresse, puis avec plus de fougue, de passion . Emportés par leur désir, ils se dirigèrent vers le lit, oubliant le reste, oubliant Dean, oubliant le monde qui les entourait,…

Pendant ce temps, Dean s’était bien installé au salon dans un fauteuil, bière à la main, et regardait un match de foot à la télé.
Tout à coup, il entendit des sifflements à l’extérieur. Il décida donc d’aller jeter un coup d’œil et ne jugea pas utile d’en informer son frère, en ce moment même en très charmante compagnie.
Il ouvrit la porte et sortit sur le palier. Pas un chat . Au moment où il allait  rentrer, il ressentit une douleur fulgurante à la nuque, comme si son crâne se scindait en deux, puis ce fut le trou noir.


Le soleil venait de se lever depuis un instant, éclairant la chambre par ses fins rayons lumineux.  Notre jeune couple dormait à poings fermés, Callie contre le torse de Sam avait l’air heureuse de sa place. Sam qui venait d’ouvrir les paupières,  balaya l’espace du regard, mais revint sur sa compagne lorsqu’il la sentit bouger.  Il lui caressa la joue du pouce, et cala une de ses mèches derrière l’oreille, afin de mieux voir son beau visage. Elle le gratifia d’un sourire amoureux, le dévorant du regard. Nos deux tourtereaux étaient aux anges, après la nuit qu’ils venaient de passer.
-Coucou beauté..
-Hello, beau gosse.. Elle s’approcha de lui et l’embrassa avec délicatesse, mais se rétracta lorsqu’il voulut approfondir, aimant se faire désirer.
Tu as bien dormi?
- Toi à mes côtés, difficile de faire autrement.. Ce fut à son tour de capturer ses lèvres, qu’il caressa avec délice.
Après une longue séance de baisers furtifs, ils finirent par se lever. Alors que Callie disparaissait dans la salle de bain, Sam descendit au salon vêtu d’un short, encore sur son petit nuage.

Cependant il en redescendit très vite lorsqu’il aperçut la télé allumée, une bière à moitié entamée sur la table basse. Pas de doute, Dean était passé par là.
P’tin Dean, tu pourrais faire un effort..
Il alla dans la cuisine, à la recherche de notre fautif, dans le but de lui remonter les bretelles. A son étonnement, il ne l’y trouva pas. Le jeune homme fronça les sourcils, pendant qu’une idée plus réaliste faisait son chemin dans son cerveau.
« Il doit sûrement être encore en train de roupiller.. »

Il remonta s’en assurer, espérant secrètement qu’il ait vu juste. L’inquiétude commença à prendre place lorsqu’il vit que son lit n’était pas défait.  C’est en trombe qu’il entra dans la chambre de Callie, récupérant son téléphone portable. Alors qu’il attendait que son frère réponde, il ne se rendit pas compte qu’il tournait en rond dans la pièce.
Après plusieurs sonneries, la messagerie se mit en marche. C’est à ce moment que Callie fit son entrée. Elle l’enlaça à la taille et, tout en lui faisant des bisous dans le dos, demanda..
-Qu’est-ce qui se passe Sam?
-C’est Dean, j’arrive pas à le joindre…
-Il a sûrement dû aller faire un tour, je suis sûre qu’il ne va pas tarder..
Mais cela ne suffit pas à le rassurer, tellement il avait l’air angoissé et tendu.
- Allez viens prendre un p’tit déj’! Après cette nuit sportive, il faut reprendre des forces…

Elle lui fit un clin d’œil auquel il ne put résister, et prenant ses mains, l’entraîna vers la salle à manger. Alors qu’ils dévalaient les marches, Sam réessaya de contacter son frère. Son cœur manqua un bond dans sa poitrine, lorsqu’il entendit la sonnerie proche, trop proche même. Il dévala encore plus vite les escaliers, arrivant dans l’entrée, où il aperçut le téléphone de Dean, par terre contre la paroi. Son teint devint plus pâle lorsqu’il reconnut l’inscription qui se tenait sur celle-ci…

Callie qui remarqua son désarroi s’approcha..
- Sam, Tout va bien?
Le jeune Winchester voulut lui répondre, mais sa gorge s’était étrangement asséchée, et ses cordes vocales s’étaient mises en grève. Son regard demeurait scotché sur la marque au mur, comme si plus rien n’avait d’importance, plus rien à part cette maudite marque.


Après un long instant, Sam bougea enfin. Il s’avança, dicté par ses jambes jusqu’au téléphone de Dean et le ramassa. Il le scruta sous toutes les coutures, espérant trouver le moindre indice qui pourrait le conduire à son frère aîné. Callie qui venait enfin d’apercevoir la marque, mit sa main devant sa bouche, horrifiée. Après la surprise, vint les sanglots d‘abord espacés, puis de plus en plus proches, jusqu’à la crise.
Sam eut bien envie l’espace d’un instant de  faire pareil, tellement il se sentait désemparé, rongé par la culpabilité. Il avait si honte d’être ici, en compagnie d’une si magnifique femme, à laquelle il s’était entièrement donné. Il filait le parfait amour, chose qu’il n’aurait jamais pu espérer après Jessica.  Tout était sensé aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.. Mais voilà, rien ne se passe jamais dans le bon sens.. Dean s’est fait attaqué, pendant que lui faisait le beau..

Dans un excès de fureur, il pivota et envoya valser le portable qu’il tenait, lequel s’écrasa violemment contre la paroi. Il se replaça face à la paroi contre laquelle se trouvait le téléphone plus tôt, et donna un grand coup de poing, histoire d’extérioriser sa haine qu’il ressentait.

Après moult attaques, Sam épuisé s’adossa contre le mur et glissa le long jusqu’au sol. Là il craqua, laissant ses larmes ruisseler sur son visage angélique.
Tout son beau monde venait de s’écrouler; plus rien n’avait d’importance si son grand frère, auquel il devait tout, avec qui il savait que la vie ne serait jamais pareille sans, manquait à l’appel. Tout son bonheur, toute cette force qui lui permettait d’avancer, tout cela, c’était grâce à Dean.
Ce grand frère qu’il avait toujours admiré depuis son plus jeune âge, à qui il avait toujours voulu ressembler.. Il était fier d’être son petit frère.  Sam était fier d’être son petit frère, fier de tout ce que son frère avait accompli dans sa vie.   
Il ne réagit même pas lorsque Callie s’assit près de lui. Celle-ci enroula ses épaules avec son bras et l’attira légèrement près d’elle.
Elle lui murmura des mots doux, des paroles rassurantes pour le calmer, le détendre.

Dean revint à lui, mais son esprit fonctionnait au ralenti. Pour ne rien arranger, il avait un mal de crâne épouvantable . Il voulut bouger, mais ses mains semblaient liés très solidement au dessus de sa tête, et son corps à une sorte de poutre. Il balaya la pièce sombre du regard, à peine éclairée par la lumière qui passait à travers l’unique vasistas. Après un ultime effort, il réussit à en discerner les contours; de taille moyenne, des caisses s’amoncelaient de tous côtés. En s’y attardant un peu, on remarquait qu’elles étaient toutes sans exception tachées de sang. A ce spectacle s’ajouta la vision des corps en décomposition de malheureuses victimes, à l’origine de cette odeur pestilentielle qui régnait. Dean fit une grimace, sentant son estomac se retourner. Alors qu’il essayait de se calmer, une porte s’ouvrit, laissant entrer ce qui s’apparentait à des personnes humaines.
Ébloui par la soudaine lumière, ses paupières se fermèrent par réflexe.
-Le prince charmant est enfin réveillé..
A cette voix qu’il reconnaîtrait entre mille, le cœur de Dean s’accéléra. Il la toisa du regard..
-Katie.. Ca fait un bail, dis donc..
Elle arbora un sourire malicieux, puis fit le tour de la poutre où était attaché Dean. Elle dévora son beau corps de haut en bas, sifflant de plaisir.
- En effet, Dean.. Que me vaut le plaisir de vous revoir dans cette ville, ton frère et toi?
Elle s’était replacé devant lui, l’observant à présent.
-On a appris pour votre nouvelle victime, Hélène..
Elle fit une grimace, mécontente, puis prit le visage du jeune homme entre ses mains.
-Vous auriez du vous mêler une fois de plus de vos affaires..
Elle était à présent en colère. Dean, heureux d’avoir touché le point sensible, continua à la narguer.
- Et toi et ton groupe, vous auriez dû être moins gourmand et plus vigilants.. Une autre victime en moins d’une semaine, ça nous a mis la puce à l’oreille..
Il arbora un sourire satisfait, devant la mine furieuse de Katie. Mais son sourire disparut lorsqu’il aperçut ses crocs se développer entres ses dents. C’était à présent Katie qui souriait, malicieuse.
-On aurait pu être heureux si tu n’étais pas aussi.. Tenace.
Sourire en coin, il lui répliqua ironiquement, malgré la gravité de la situation..
-Tout le monde me dit ça, je vais finir par croire que c’est vrai.. Franchement de toi à moi, je préfère nettement Katie Holmes..

-Tu vas me le payer, on ne se moque pas impunément de moi de cette manière.., déclara-t-elle, canines bien en évidence.
Elle fit quelques pas vers lui, et sans crier garde, planta avec fougue ses crocs dans son cou, puis ferma les yeux, délectant le plaisir du moment. Dean gémit, se retenant de hurler pour ne pas lui faire ce plaisir. Tout son corps fut parcouru de spasmes, tantôt par la violence dont elle faisait usage, tantôt par le mal qui irradiait son corps. Il sentait  avec effroi son sang dans ses veines bouger plus vite , comme s’il était détourné de sa destination première, attiré jusqu’à sa carotide par une force invisible. N’y tenant plus, il hurla de douleur, épuisé par cette douleur qui le tenait, qui se jouait de lui.

Ses pensées se tournèrent vers Sam, dont il devinait son état en ce moment. Mort d’inquiétude, lorsqu’il s’agissait de son grand-frère, l’éternel dragueur dans l’âme, mais aussi très protecteur Dean.
Après le sentiment d’attraction de son sang, il sentit sa jauge d’énergie en chute libre. Sentant sa faim assouvie, elle retira avec lenteur ses canines, découvrant des lèvres  recouvertes de sang, plus pulpeuses que jamais.
Quant à Dean, la tête affaissée sur le côté gauche, sa respiration était maintenant saccadée, mais il demeurait conscient.

Alors que Katie s’essuyait les lèvres bien trop sanguinolentes, au prix d’un effort surhumain, Dean releva la tête, et la posa contre la poutre, à bout de souffle.
-Ton sang est délicieux, je dois l’avouer..
-Un compliment venant de toi.. Je suis très touché de cet aveu.. Seulement, tu vas faire des jaloux parmi les esprits de tous ces cadavres..
-Ne t’inquiète pas, ils ne t’arrivent pas à la cheville..

Sans préavis, elle s’approcha près de lui, puis passant sa main derrière sa nuque, l’attira vers elle et l’embrassa.  D’abord surpris, Dean répondit avec ardeur à ce baiser, comme hypnotisé. Ses membres ne lui répondaient plus,  il avait perdu les commandes. Sa tête fit quand même un mouvement de recul, mais il n’échappa pas à ses lèvres, qui le vampirisait.
Katie y mit fin un instant plus tard, arborant un sourire glorieux, devant la mine impassible du jeune homme, dont le teint était blafard.
Elle s’adressa à ses pairs..
- Hypnosus sera heureux de notre prise..
Puis de nouveau à Dean..
-Tu sais, il ne vous porte pas vraiment dans son cœur.. Après tout, vous avez tout fait pour..
-Qui est-ce? Il me dit quelque chose..
-Notre seigneur bien-aimé..
Dean l’ignora, trop absorbé à retrouver le précieux nom..
-Ah sii, je me souviens!! C’est comme ce site.. Je l’ai sur le bout de la langue..  Hypnoweb!!
Katie esquissa un sourire sarcastique, devant le zèle dont il faisait preuve..
-Tu riras moins quand tu le verras..
Sur ces mots, elle l’empoigna au visage, puis cogna l’arrière de sa tête contre la barre. Sous le choc, Dean sombra dans les ténèbres, le rire sadique du groupe devenant de plus en plus lointain.


Sam, les nerfs à fleur de peau avait passé tout le reste de la journée à ratisser la ville de long, en large et en travers. Enfin, alors que la nuit commençait à prendre place, il trouva l’endroit où était séquestré Dean, un magasin délabré par le temps, qui avait connu des jours meilleurs. La Chévy garée un peu plus loin, Sam restait planté devant la porte du magasin, à la fois empli de joie à l’idée de retrouver son frère, et angoissé par l’état dans lequel il pourrait le revoir.
Après un long instant d’hésitation, il s’engouffra à l’intérieur, armé d’un vaporisateur rempli de sang mort et de couteaux bien aiguisés, rangés dans son sac. Il éclaira la salle du faible faisceau de sa lampe. Des étagères, disposés de chaque côté contre les parois, étaient recouverts de toiles d’araignées, qui y avaient élu domicile depuis un sacré bout de temps, au vu de l’épaisseur de la toile.
Alors qu’il faisait l’inventaire, contre la paroi du fond se formait une coupure rectangulaire, qui avait tout l’air d’être une porte.
Sam s’y dirigea et pivota la poignée, laissant entrevoir une ribambelle de marches qui menaient vers une cave.
Au bas de l’escalier, sur la gauche se trouvait une minuscule pièce, où l’odeur nauséabonde était si forte qu’il se boucha les narines, écœuré. Il continua cependant son avancée; il ne quitterait pas ces lieux sans son frère, il se le jurait. La pièce restait en partie baignée dans le noir, malgré la faible lumière que diffusait sa torche.  En dépit de cela, il arrivait à y voir.

Son regard se posa instinctivement sur la tige de métal qui se dessinait au centre. Sa respiration s’accéléra, son cœur cogna si fort dans sa poitrine qu’on pouvait l’entendre, lorsqu’il aperçut une forme se recouper autour de la poutrelle.
Dean…

Il s’approcha, jusqu’à bien voir le visage de l’otage. Ses affirmations se révélèrent fondés: cette personne, pieds et mains liées, était bien son grand frère. Certes, pas dans l’état le plus souhaitable: son visage avait une teinte extrêmement pâle, et son cou laissait apparaître ses veines verdâtres où logeait deux trous de taille moyenne, dont les contours prenaient étrangement une couleur bleuâtre.
Sam ne reconnaissait pas son aîné, tellement il semblait faible, si fragile. C’était si peu commun au frère courageux, fort à tout instant, drôle, emmerdant qu’il côtoyait depuis toujours.
Il prit son pouls; ce dernier s’avérait faible, mais présent. Il lui tapota gentiment la joue, ce qui eut pour réponse un gémissement du jeune homme.
-Dean..? Dean, tu m’entends..
-Sammy, répliqua-t-il dans un souffle, c’est toi..?
Ses paupières restent closes, le simple fait de les ouvrir lui demandait beaucoup d’efforts. Parler lui était aussi difficile; tout son corps semblait engourdi.
-Je suis là, Dean.. Tu m’as fait une peur bleue, tu sais!
Comment tu te sens?
Il ne se sentait pas lui mentir..
-Complètement vidé..
Il déglutit péniblement, alors que Sam coupait ses liens, le libérant enfin. Les bras ballants, ses jambes refusaient de le porter, trop épuisées pour faire le moindre pas.

Sam le prit sur ses épaules. Dean se laissa faire par son cadet. Il clignait des paupières pour éviter de sombrer de nouveau dans le sommeil. Ce n’était pas le moment! En premier lieu, il fallait sortir de cet endroit, avant que Katie et ses pairs reviennent.
Lorsqu’ils arrivèrent à la lumière du jour, Sam put enfin voir précisément l’état de son aîné. De grosses gouttes perlaient sur son front, qui se réchauffait peu à peu. La tache autour de sa morsure, quant à elle, amplifiait à vue d’œil, colorant à présent une grande partie de son cou en bleu.
Le plus jeune des Winchester, qui aperçut enfin la morsure, poussa une exclamation de surprise, devant la teinte douteuse de celle-ci..
L’angoisse revint. Qu’arrivait-il à Dean? L’installant avec précaution dans la Chevrolet, Sam se rendit en toute hâte vers l’hôpital.
Pendant le trajet, Dean immobile, se mit à gémir, puis soudain poussa un cri rauque, s’agrippant avec fougue au siège passager. Le cœur de Sam se serra, devant la souffrance qu’il lisait chez son grand frère. Il essaya de le rassurer, de le calmer jusqu’à ce qu’il rejoigne l’hôpital..
-On arrive bientôt Dean.. Il faut que tu tiennes le coup, je t’en supplie..
 
Une poignée de minutes passèrent avant qu’il n’arrive au dit bâtiment blanc.
Lorsqu’il entra, il n’eut pas longtemps à attendre: des infirmières prirent en charge son aîné, puis l’emmenèrent tout de suite en salle d’opération. Sam, désemparé, suivit du regard  le chariot entouré du personnel disparaître derrière les portes battantes, puis se jeta sur le grand banc de la salle d’attente, peu accueillante .
Les secondes, minutes, heures défilèrent, sans un mot, sans aucune nouvelle sur l’état de son frère. Il n’a de cesse de jeter des regards furtifs à l’horloge.

Près de cinq heures s’écoulèrent, avant qu’un médecin n’apparaisse dans la salle d’attente, calepin en main. Elle se dirigea vers Sam, somnolent, puis lui tapota légèrement l’épaule. Celui-ci sursauta sous le coup, le regard hagard. Mais il se ressaisit aussitôt, et se planta devant Sarah, déterminé, et à la fois anxieux de savoir si son aîné allait bien..
-Vous devez être le frère de Dean, je crois.. Je m’appelle Sarah Myler, je m’occupe de son cas.
- Oui je suis son frère, Sam. Comment va-t-il..?
-Son état était déjà très critique lorsque vous l’avez amené, ses réserves de sang étaient au plus bas. Nous avons dû lui faire plusieurs transfusions pour rétablir le taux de globules rouges, tout va bien de ce côté..
Sam, qui avait retenu son souffle jusque là, put enfin souffler. Mais il restait encore un point important à éclaircir..

 -Mais je dois dire que cette morsure me surprend, surtout la réaction dont le corps de votre frère fait preuve.. Qu’est-ce qui lui a causé cette blessure?
Le jeune homme éluda la question et continua..
-Est-ce qu’il va s’en sortir?
L’expression de compassion que fit Sarah ne rassura pas du tout Sam..

-A dire vrai, j’en doute fortement.. Son organisme semble avoir été infecté par une sorte de venin très puissant, qui agit à grande vitesse sur ses fonctions vitale. Nous travaillons sur un antidote en ce moment. Mais ce n’est pas tout. La commotion qu’il a subit à l’arrière de la tête, dû probablement à un coup très violent, a engendré une légère hémorragie interne, que nous avons, par chance, pu stopper.

Sam s’était entre-temps  rassis, submergé par les révélations du médecin.
-Vous avez d’autres mauvaises nouvelles à m’annoncer..?, répliqua-t-il, tentant de rester calme.
-Laissez moi finir.. En effet, j’en ai encore une, pire que tout ce que je viens de vous apprendre.. Votre frère est plongé dans un coma. Profond ou pas, je ne saurai le dire exactement.. Je suis vraiment désolé..